FAQ de parents à parents

Préambule

Les descriptions évoquées dans la présente FAQ ne représentent pas la réalité de tous les vécus ; en ce sens que les signes précoces de questionnement, la souffrance ressentie, les émotions liées aux changements pubertaires, … ne sont jamais aussi tranchés et varient d’un individu à l’autre. Cela n’implique pas que la personne est « moins valide » qu’une autre, il s’agit simplement de la diversité de se vivre, de se ressentir et, par extension, de s’affirmer.

Qu'est-ce qui se passe ?

Votre enfant exprime un questionnement de genre. Cela peut vouloir dire que son sexe assigné à la naissance (garçon ou fille) ne  correspond pas à son identité de genre (c’est-à-dire la conviction psychique, intime, d’être plutôt une fille, un garçon, les deux ou aucun des deux).

Quels sont les premiers signes ?

Il convient de rester attentif à ce que votre enfant vous communique par son comportement verbal et non verbal. Les signes de souffrance diffèrent selon l’âge de votre enfant.

Dès 3 ou 4 ans, l’enfant peut par exemple :

  • s’identifier aux héro·ïne·s de l’autre genre 
  • affirmer qu’il·elle·iel appartient à l’autre genre
  • s’isoler dans un monde imaginaire
  • montrer des intérêts et comportements de jeux atypiques selon les stéréotypes liés à son genre 
  • manifester des signes d’anxiété ou de dépression
  • développer une détresse quant à son corps et ses organes génitaux 

Quelques années plus tard, la souffrance sociale s’y ajoute :

  • Crise de puberté aiguë
  • Signes cosmétiques du genre de préférence: coupe de cheveux, vernis à ongles, épilation, seins comprimés, etc.
  • Vêtements du genre de préférence
  • Signes de brimades, de harcèlement ou de violences à l’école
  • Echec scolaire
  • Etc.

Est-ce qu'il faut attendre ?

Non. La politique de « attendre et voir » ou « ça passera » est l’option la plus risquée et peut avoir des répercussions graves : dépression, anxiété, décrochage scolaire, anorexie, par exemple. Votre enfant peut même vouloir attenter à sa propre vie. Il faut donc ouvrir le dialogue avec son enfant et discuter ouvertement de ses questions identitaires en prenant sa parole au sérieux sans minimiser les ressentis exprimés. Si vous ne vous en sentez pas capable ou si votre enfant ne veut pas vous en parler, la Fondation peut vous aider.

Qu’est-ce que nous avons pu faire de faux pour que notre enfant soit comme ça ?

Rien. De nombreuses études ont été menées sans pouvoir démontrer d’influence significative de l’environnement ou de l’éducation sur l’identité de genre d’un·x·e jeune.

Qu’est-ce qui s’est passé génétiquement ?

Là aussi, aucune étude n’a démontré un facteur génétique dans l’apparition d’une identité de genre non concordante avec le sexe d’assignation.

Par où commencer ?

Prendre contact avec la Fondation Agnodice est un bon point de départ. En fonction du contexte, nos psychologues spécialisé·es vous orienteront de façon efficace.

Quelles sont les étapes ?

Les étapes passent par plusieurs jalons et diffèrent selon l’âge.

  • Entre 3 et 11 ans, les étapes suivantes peuvent être nécessaires selon le degré de souffrance constaté :
    • Vous rencontrez, avec ou sans votre enfant, les professionnel·les de la Fondation pour faire le point et vous informer ;
    • vous entamez un accompagnement psychothérapeutique de votre enfant dans une perspective familiale (espace de parole et d’aide) ;
    • un changement de genre social peut être nécessaire, au niveau familial et scolaire.
  • Entre 12 et 18 ans, les étapes peuvent être les suivantes :
    • Vers 11-12 ans, retarder la puberté peut être utile pour prolonger le temps de réflexion et éviter les changements physiques de la puberté ;
    • à partir de 14-15 ans, la prise d’hormones peut alors être envisagée pour déclencher les modifications physiques correspondant au sexe de préférence ;
    • adaptations administratives : le changement prénom et/ou le changement d’état civil (M ou F) sont possibles à n’importe quel âge, sous réserve du soutien parental jusqu’à 16 ans.
  • Les interventions chirurgicales ne sont pas toujours perçues comme nécessaires. Elles ne sont en principe possibles en Suisse qu’à partir de 18 ans à l’exception de la torsoplastie qui peut être plus précoce. Les traitements hormonaux précoces (retard de puberté) contribuent à éviter toute chirurgie inutile.

Toutes ces étapes s’étendent sur plusieurs années, d’une part pour avancer au rythme des jeunes et de leur famille, d’autre part afin de correspondre au cadre fixé par les assurances.

Est-ce que ça va trop vite ?

Oui et non. Le processus que doivent traverser les enfants trans* est très différent de celui des parents.

Pour les enfants, c’est généralement un premier soulagement d’avoir pu nommer leur mal-être. Ils·elles·iels ont enfin mis des mots sur ce qu’ils·elles·iels vivent et connaissent les possibilités qui existent. Internet leur a souvent déjà permis de bien se renseigner avant d’en parler à leurs parents.

Du côté des parents, c’est le choc. La surprise passée, un processus qui s’apparente au deuil se met en place. Cela prend du temps et  il y a un certain nombre de phases à traverser.

S’installe alors un phénomène connu, à savoir l’enfant qui trouve que tout va trop lentement et aimerait entamer sa transition immédiatement, et ses parents qui ont besoin de temps et doivent digérer la nouvelle avant de pouvoir commencer quoi que ce soit. La difficulté consiste alors à trouver le rythme qui convienne à tout le monde.

Est-ce que c'est passager ?

Certaines études montrent, chez les jeunes ayant consulté entre 3 et 12 ans pour une identité de genre non-conforme, des taux de « désistement » (retour au genre assigné à la naissance) de l’ordre de 65%. Ces études sont ambiguës car elles comptabilisent les enfants qu’on désigne comme « explorateurs du genre », amenés une seule fois en consultation par des parents anxieux en raison de leur comportement plutôt que de leur souffrance.  Mais plus la souffrance est intense et plus elle est précoce, plus l’identité transgenre va se confirmer et persister.

Cette fluidité dans le jeune âge exige une fluidité équivalente de la part des parents et des professionnel·les. L’enfant doit savoir que c’est OK de changer de genre social à 6 ans par exemple, et que c’est OK aussi de revenir ensuite en arrière à 10 ou 11 ans. 

Les critères pour retarder la puberté à 11-12 ans avec des hormones sont stricts et très rares sont les jeunes qui désistent ultérieurement.

Est-ce qu'il y'a d'autres parents avec qui je peux en parler ?

La Fondation organise à Lausanne et à Martigny un groupe de discussion pour les parents d’enfants trans et non binaires environ un soir par mois. N’hésitez pas à nous contacter pour vous joindre à nous.

Si vos horaires de travail ou la distance entre votre domicile et Lausanne sont un obstacle à participer au groupe, nous pouvons vous mettre en contact avec d’autres parents concernés pour des rencontres plus individuelles.